Un bon samaritain de 80 ans a réédité une tradition qu’il poursuit depuis près de six ans, quand il a accueilli trois personnes seules atteintes de déficience intellectuelle pour un dîner de Noël chez lui, à Saint-Prosper, en Beauce. Article provenant du Journal de Québec.
René Baillargeon, un enseignant à la retraite et père de cinq enfants, répand la bonté chaque semaine dans cette municipalité de 3600 résidents.
Dans un rituel bien rodé, il a cueilli ses trois convives à leur résidence respective, conduits par son voisin Joséphat Larochelle, 88 ans. Le groupe a ensuite pris la direction de l’église de Saint-Prosper pour assister à la messe dominicale, le week-end dernier, avant de s’attabler au domicile de M. Baillargeon pour se remplir l’estomac.
Depuis six ans
L’octogénaire répète cette routine chaque dimanche depuis maintenant près de six ans. Ce repas de Noël était un moment tout particulier aux yeux de M. Baillargeon, lui permettant de combler ses invités, pour la plupart sans famille, démunis et atteints de déficience intellectuelle. Pour l’occasion, la table est bien chargée de quiche, de tourtière, de fromage et de salade de chou préparés par sa fille.
Le père de famille y voit une façon de « donner au suivant » et de briser l’isolement de personnes démunies qui, autrement, seraient seules.
Même si le dîner rassemblait cinq personnes, la tablée était prête pour en accueillir une de plus, alors qu’un couvert reste vacant et vide de victuailles. Mais pourquoi ?
«On ne le sait pas si quelqu’un dans le besoin peut arriver. Il ne sera pas dépaysé [s’il vient], il est attendu», fait valoir celui qui a enseigné toute sa carrière à Saint-Georges.
M. Baillargeon explique que ses parents, qui géraient une maisonnée de 10 enfants en plus des grands-parents, laissaient invariablement un couvert supplémentaire à table, «juste au cas que le quêteux arrive», raconte-t-il.
«Ça peut être juste magique»
Les trois invités de la journée sont tous trois attablés. Pendant que Huguette, 66 ans, raconte sa fierté de s’occuper du lapin que lui a offert M. Baillargeon il y a quelques mois, Yvan, 63 ans, fait savoir à son hôte sa gratitude entre deux bouchées. Roger, 72 ans, qui raffole particulièrement du fromage, persiste à offrir quelques portions aux représentants du Journal.
«C’est bon, mais il ne cuisine pas comme ma mère!», taquine Roger, «le boute-en-train» du groupe, comme se plaît à l’appeler René Baillargeon. «Je fais juste l’agacer. Je l’aime assez», enchaîne tout de suite Roger.
«Il faut qu’il y ait de la communion entre les humains. Ça peut être juste magique. Il faut se salir les mains en faisant la communion ailleurs qu’à la messe», insiste René Baillargeon, dont la vigueur est bien loin de trahir les 81 bougies qui l’attendent.