Comment les petits gestes peuvent faire une différence.

Beaucoup de gens ne croient pas à l’efficacité de l’action individuelle. « Pourquoi moi, je changerais mes habitudes alors que ce sont les grosses industries qui polluent ? » Cette attitude défaitiste ne fait qu’amplifier les problèmes écologiques liés à la société de consommation. Je le dis souvent à mes étudiants : « Si le problème est causé par une infinité de gestes insignifiants, tout geste répété par un grand nombre peut avoir un effet significatif. » Alors, voyons ce qu’a donné le défi.

Deux familles et un célibataire regroupant un total de 11 personnes vivant dans des conditions très différentes, en région montréalaise, ont accepté d’abord de mesurer leur empreinte carbone, c’est-à-dire le total des émissions occasionnées par leurs habitudes de vie dans le domaine du transport, du chauffage domestique, de l’alimentation, des voyages, de la gestion des déchets et des appareils électroniques. Ce sont les principales sources de gaz à effet de serre dans notre vie de tous les jours. Pour ce faire, on leur a administré un questionnaire simple et j’ai calculé leurs empreintes respectives. Celles-ci variaient entre 4,8 et 6,8 tonnes par personne. Ces chiffres ne sont pas très élevés, car chacun faisait déjà des efforts avant de relever le défi. Au total, les participants avaient émis 69 tonnes d’équivalents CO2 en 2018. Chacune des personnes avait un profil différent ; elles ont donc choisi parmi les quelques actions suggérées dans le portefeuille qui leur convenait le mieux. Et vogue la galère pour une expérience d’un mois à la suite de quoi j’ai recalculé leur empreinte pour 2019, si leurs nouvelles habitudes étaient maintenues.


Les résultats sont étonnants. Les 11 personnes auront réduit leur empreinte carbone de 20 tonnes sur 69 si elles conservent les comportements qu’elles ont mis en application dans la période expérimentale. Si on multiplie ce résultat sur l’ensemble de la population québécoise, cela représente une réduction de 14,5 millions de tonnes de CO2, c’est-à-dire 18,5 % des émissions totales de l’inventaire québécois 2016. C’est deux fois plus en une seule année que ce que tous les efforts gouvernementaux et industriels ont donné depuis 1990 ! Incroyable ?

Bien sûr, nos situations personnelles sont toutes uniques. Certains peuvent facilement modifier leurs habitudes de transport, d’autres n’ont pas d’alternative. Certains ont une alimentation avec un impact minimal et compostent déjà leurs résidus organiques, mais chacun a des marges de manœuvre. C’est ce que le questionnaire et le calculateur peuvent vous permettre de découvrir. Il suffit de le télécharger à http ://carboneboreal.uqac.ca/calculateur-ges-fr/. Connaître son empreinte carbone est la première étape pour pouvoir la réduire. Les conseils suivent le questionnaire.

L’expérience du défi a été très appréciée par les participants. Je vous laisse découvrir leurs commentaires sur le site de l’émission. Certaines choses ont été plus difficiles que d’autres, mais les gens veulent persister dans leur résolution.

En revanche, cette approche heuristique et ludique a déjà fait des petits. Par exemple, « Alma en transition » a lancé son propre défi. Pourquoi ne pas partir le vôtre ? Au bureau, en famille, entre écoles, entre municipalités, relevez le défi du « voisin dégonflable » ! Qui réussira à avoir la plus petite ? Tout cela est gratuit et sans obligation. À vous de jouer !